Photo: Ron at the Summit
Conférence virtuelle Développement durable de lécotourisme »
Conférence préparatoire de
lAnnée internationale de lécotourisme
1-26 avril 2002
RAPPORT FINAL
INTRODUCTION
Au cours des deux dernières décennies, les activités décotourisme ont connu
un développement rapide et on sattend à ce que leur expansion se poursuive
dans lavenir. Reconnaissant limportance mondiale de cette forme de
tourisme, les Nations Unies ont proclamé 2002 Année internationale de l
écotourisme et la Commission du développement durable de lONU a demandé aux
organismes internationaux, aux gouvernements et au secteur privé de prévoir
des activités pour la soutenir.
Dans ce contexte, lOrganisation mondiale du tourisme (OMT) et le Programme
des Nations Unies pour lenvironnement (PNUE) ont organisé un forum sans
précédent sur lInternet avec des débats qui se sont déroulés uniquement en
ligne. Cette conférence a été créée et animée par M. Ron Mader, auteur et
hébergeur du site Internet planeta.com.
Lobjectif premier de cette conférence était de permettre à un large
éventail dacteurs de lécotourisme surtout ceux nayant pas pu assister
aux conférences préparatoires régionales de 2001 et des premiers mois de
2002 déchanger des expériences et de faire part de leurs points de vue.
Lexpérience et les résultats de la Conférence virtuelle « Développement
durable de lécotourisme » seront présentés au Sommet mondial de l
écotourisme qui se tiendra à Québec, au Canada, du 19 au 22 mai 2002.
Plus de neuf cents acteurs de lécotourisme de quatre-vingt-dix-sept pays
ont participé à cette conférence. Ils représentaient des organisations
internationales publiques et privées, des ONG, des établissements d
enseignement et des communautés locales. Pendant le déroulement de la
conférence, plus dune centaine de messages en provenance de quelque trente
pays ont été enregistrés et archivés pour pouvoir être consultés
ultérieurement. Les participants ont partagé leurs informations sous forme d
études de cas, dexemples précis et dexpériences concrètes et ils ont
recommandé des ressources à ceux quintéressent les problèmes décotourisme.
Certains messages ont suscité dintenses débats aux sujets précis analysés
sous diverses optiques. La consultation en ligne des archives est gratuite
(http://groups.yahoo.com/group/2002ecotourism).
Il était demandé aux participants denvoyer leurs messages en anglais, en
espagnol ou en français.
Les débats se sont concentrés sur les quatre thèmes principaux retenus pour
le Sommet mondial de lécotourisme, à chacun desquels a été consacrée une
des quatre semaines de cette conférence virtuelle :
Thème 1.- Politique et planification de lécotourisme : le défi de la
durabilité
Thème 2.- Réglementation de lécotourisme : responsabilités et cadres
institutionnels
Thème 3.- Développement des produits, marketing et promotion de l
écotourisme : lencouragement des produits durables et des consommateurs
soucieux de la durabilité
Thème 4.- Surveillance des coûts et des avantages de lécotourisme : leur
répartition équitable entre tous les acteurs
Comme lors dautres conférences préparatoires du Sommet mondial de l
écotourisme, il y a eu un certain chevauchement des sujets abordés dans le
dialogue, surtout au début de chaque semaine thématique. Il est souvent
arrivé que les participants mêlent délibérément dans une seule contribution
leurs réponses sur divers sujets. Ces messages se sont avérés très utiles
pour mieux comprendre la nature complexe du marché écotouristique.
Une première version du présent rapport de synthèse a été diffusée parmi les
participants pour recueillir leurs observations.
SYNTHÈSE DES DÉBATS
Cette conférence de quatre semaines a été caractérisée par le sérieux du
dialogue sur la complexité de lécotourisme. Plusieurs participants ont
indiqué que le processus préparatoire du Sommet mondial de lécotourisme et
le Sommet lui-même offraient une occasion exceptionnelle dencourager les
relations de renforcement mutuel existant entre le tourisme, la protection
de lenvironnement et le développement des communautés locales.
Lécotourisme attire de façon spectaculaire lattention partout dans le
monde, peut apporter tant à une localité déterminée quà de grandes régions
et suscite beaucoup despoirs, notamment dans le mouvement écologiste
mondial.
Il a été discuté abondamment des définitions à utiliser dans ce domaine. Le
dialogue a également été fructueux sur le genre décotourisme qui peut et
doit être encouragé. Les problèmes complexes de la réglementation de l
écotourisme, des systèmes dhomologation, du développement des produits et
du marketing ont nourri le débat. Il faut signaler quil y a eu à maintes
reprises des remarques et un dialogue sur les effets positifs et négatifs du
tourisme sur les communautés et les populations locales.
La force dattraction de lécotourisme qui dépend de la plus grosse branche
dactivité du monde inquiète de plus en plus. Les participants ont insisté
sur le fait quil est essentiel que le secteur de lécotourisme reste un
créneau à faible impact.
Plusieurs participants se sont demandé si le tourisme pouvait être considéré
comme une activité durable en raison de ses répercussions évidentes sur l
environnement dues à lutilisation des véhicules automobiles et des avions.
Ces questions ont amené les participants à un dialogue fécond sur les
ressources en informations disponibles ainsi que sur la nécessité détudier
en permanence le sujet et délaborer des plans daction.
THÈME 1
Politique et planification de lécotourisme : le défi de la durabilité
Questions : il a été demandé aux participants de réfléchir sur lefficacité
des plans décotourisme aux niveaux international, national et local pour
encourager lécotourisme durable. Il leur a notamment été demandé si la
politique décotourisme sintègre dans un cadre plus vaste de planification
et quel est le moyen le plus efficace déquilibrer dans cette politique les
objectifs de protection de lenvironnement et de développement.
Vue densemble : les participants ont présenté des études de cas publiées
portant sur la politique écotouristique du Brésil, du Chili, de Cuba, de l
Équateur, de la Hongrie, de lInde, de la Malaisie, du Pakistan et du
Venezuela. Il faut mentionner tout spécialement les débats qui ont établi un
lien entre la réussite de la gestion des zones protégées et lassociation à
cette gestion des populations et autres parties prenantes locales.
Commentaires et conclusions
– La théorie et la pratique de lécotourisme ont été trop longtemps séparées
lune de lautre. Il faut que le développement de lécotourisme soit axé sur
des plans daction et quil ne « senlise » pas dans des définitions, ce
dont sest plaint un participant.
– La promotion de lécotourisme par des organisations isolées aux objectifs
particuliers, sans quy soient associés tous les groupes dacteurs
intéressés, conduit à des stratégies assez mal équilibrées. LÉtat, les
groupes de défense de lenvironnement et daction sociale, le secteur privé,
les universitaires et les communautés locales doivent collaborer à l
élaboration dune politique écotouristique efficace.
– Le rôle des gouvernements dans la mise en valeur écotouristique est de
fournir le cadre politique général permettant le développement harmonieux de
cette forme de tourisme. Ce cadre doit y associer les autres secteurs et
accueillir favorablement leur participation. Il faut que les plans d
écotourisme soient largement diffusés parmi les membres des communautés, les
ONG, les organismes de lÉtat, les entreprises touristiques et les autres
acteurs.
– Dans de nombreuses destinations, les pouvoirs publics tardent à réagir au
développement de lécotourisme qui menace les zones protégées. Les obstacles
comprennent le manque de personnel compétent, labsence de continuité dans l
action et le manque dintérêt pour les activités décotourisme de peu d
envergure.
– Les décisions politiques relèvent souvent de personnes ayant une
expérience limitée de la gestion sur le terrain. Il en découle des
réglementations quil nest pas possible de respecter dans la réalité et
qui, par conséquent, ne sont pas appliquées. Au dire dun participant, « le
cycle des lois invraisemblables, de leur non-respect flagrant, de la
corruption et de la désaffection à légard du système juridique est une
contrainte pour les entreprises qui veulent avoir une activité
écotouristique durable. La politique est souvent sans rapport avec la
réalité. » Quand les responsables politiques nont pas de formation dans ce
domaine ou pas dexpérience dans lendroit concerné, il faut leur apprendre
à les connaître pour que la politique reflète les préoccupations dordre
social et écologique ainsi que les réalités du marché.
– Les directives nationales sont souvent inappliquées faute dun engagement
transsectoriel de plusieurs ministères ou par manque de continuité. Le
renouvellement fréquent du personnel et la faiblesse de la communication
entre les organes de lÉtat ont été cités comme les causes principales de ce
problème.
– Si la politique nationale est importante pour lécotourisme, le
développement se produit au niveau local. Les autorités locales jouent un
rôle clé et dans de nombreuses localités, une approche de bas en haut de la
planification de lécotourisme est souhaitable. Il existe un grand besoin de
coopération entre les autorités de différents niveaux. En outre, il faut
intégrer les normes juridiques pour que la structure soutienne le
développement de lécotourisme.
– Les plans de développement doivent déterminer les sources financières et
les mécanismes de financement pour les programmes locaux, régionaux et
nationaux et cultiver ces ressources pour des investissements à long terme.
Il est rare que les projets décotourisme réussissent de façon aussi rapide
ou aussi rentable que ceux dautres secteurs. Aussi lécotourisme
requiert-il un engagement financier de longue durée.
– Les activités décotourisme risquent davoir un impact négatif sur les
populations locales. Le tourisme peut faire monter les prix locaux et forcer
les habitants à déménager ou des politiques restrictives conduisent les
entreprises à développer leurs activités ailleurs. Lécotourisme dans les
zones protégées doit saccompagner de la solution des conflits avec la
population et les acteurs locaux et dune formation dispensée aux visiteurs
et il faut que le tourisme apporte des revenus aux communautés vivant dans
ces zones ou dans les zones adjacentes.
– Il est dans lintérêt de chacun que les activités touristiques axées sur
la nature tendent de plus en plus à adopter les principes de lécotourisme
pour sauvegarder les zones naturelles sensibles et maximiser les avantages
pour la communauté et la culture locales.
THÈME 2
Réglementation de lécotourisme :
responsabilités et cadres institutionnels
Questions : il a été demandé aux participants de réfléchir sur les modalités
dapplication des politiques et des plans et sur les divers effets positifs
et négatifs des réglementations sur les parties prenantes et sur l
environnement des sites écotouristiques. Il leur a notamment été demandé
quel est ou pourrait être le rôle de lhomologation en matière décotourisme
et qui profite dun tel système.
Vue densemble : les participants ont fourni de nombreux exemples de
réglementation, comprenant des mémoires détaillés sur lhomologation du
tourisme au Brésil, sur la législation du tourisme au Venezuela et sur le
tourisme axé sur les communautés en Équateur. Dautres ont constaté l
absence de mécanismes juridiques garantissant le versement des recettes de l
activité économique à la zone protégée. Les participants ont également
parlé du pour et du contre des programmes dhomologation.
Commentaires et conclusions
– Si la réglementation est trop stricte, elle peut entraver la compétitivité
et les acteurs du secteur ou les pays risquent dêtre désavantagés. Par
ailleurs, si les consommateurs accordent une valeur économique aux
écosystèmes sains, le marché incitera tous les acteurs du secteur à parvenir
à une meilleure gestion de lenvironnement.
– La réglementation ne sera pas efficace si la communauté, le voyagiste, le
guide et les touristes eux-mêmes ne partagent pas la même conception de l
écotourisme. Cette conception doit être pertinente pour toutes les parties
prenantes. Une mise en valeur écotouristique réussie suppose un accord sur
les définitions et une législation cohérente.
– Des programmes dhomologation efficaces doivent renseigner le public qui
voyage sur les produits et les services écotouristiques. Homologation et
agrément doivent comprendre à titre prioritaire une campagne et une
collaboration des médias et des professionnels de la communication faisant
passer efficacement le message. Si la clientèle ne demande pas de normes d
homologation, un participant a soutenu que cette pratique risquait de
mettre la charrue avant les bufs ».
– Dautres participants ont fait observer que même si les consommateurs de
tourisme ne demandent pas de systèmes dhomologation, les entreprises en
sont demandeuses entre elles. Des programmes dhomologation bien conçus
peuvent aider à atteindre les objectifs de lécotourisme en donnant un
avantage commercial aux opérateurs décotourisme homologués.
– Les larges alliances nationales sont celles qui créent les meilleurs
systèmes dhomologation. Un exemple qui a été fréquemment cité est le
National Ecotourism Accreditation Programme (NEAP) de lAustralie, mis sur
pied au terme de discussions multisectorielles entre le gouvernement, le
secteur privé et les universitaires.
THÈME 3
Développement des produits, marketing et promotion de lécotourisme : l
encouragement des produits durables et des consommateurs soucieux de la
durabilité
Questions : il a été demandé aux participants de réfléchir sur les défis et
les perspectives du développement et du marketing des produits
écotouristiques. Ils ont notamment été interrogés sur le rôle que jouent les
gestionnaires des zones protégées publiques et privées et le secteur privé.
Il leur a également été demandé quelles techniques de marketing et de
promotion se sont avérées efficaces et comment ils concevaient le rôle des
transnationales, des chaînes dhôtels et des franchisages dans la
facilitation du développement durable du tourisme et dans le soutien aux
entreprises touristiques locales.
Vue densemble : les participants ont donné des exemples de développement de
produits et de marketing en Argentine, au Brésil, au Canada, au Chili, en
Chine, en Équateur, en Espagne, aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni.
La troisième semaine, le débat a été vif sur les formules décotourisme
concurrentes quil faut encourager. Comme la dit un participant : « À l
instar de ce qui se passe dans le mouvement écologiste, il y a place dans l
écotourisme pour de nombreux styles différents. De même quil se peut quun
manifestant senchaînant à un arbre et un avocat en costume trois-pièces
soient engagés dans le même combat et que leur action à lun et à lautre
soit nécessaire et valable, lécotourisme a besoin à la fois du petit
voyagiste haut de gamme et du grossiste qui satisfait la majeure partie de
la clientèle. »
La conférence sétant déroulée en ligne, il ny a rien détonnant à ce que
les participants aient débattu le rôle dInternet dans le développement de l
écotourisme, notamment en matière de marketing et de promotion. Les
participants sont convenus que tout spécialement dans ce créneau que
constituent lécotourisme et le tourisme responsable, les sites Internet
jouent un rôle important dans la prise de conscience des consommateurs et
dans la formation à lenvironnement. Plusieurs administrateurs de sites ont
expliqué leurs activités. Il y a lieu de noter les suggestions quant à la
façon dont les voyageurs peuvent comparer les voyagistes sur Internet et les
amener ainsi à respecter les normes. Certains sites encouragent un dialogue
régional entre les parties prenantes. En outre, les participants ont
constaté quil serait nécessaire daméliorer laccès et la formation afin de
réduire la « fracture technologique numérique », de nombreuses régions du
monde étant moins câblées que dautres.
Commentaires et conclusions
– La formation du consommateur est essentielle à sa sensibilisation et à la
stimulation de la demande de produits et de services ne portant atteinte ni
à lenvironnement ni à la société. Le plus dur est de les vendre à l
écotouriste néophyte. Comme la affirmé un participant, « dès que des
personnes ont la possibilité de séjourner dans un gîte écologique et d
utiliser des services où elles sont guidées et orientées, elles sont
susceptibles dêtre fidélisées ».
– Lencouragement des produits respectueux de lenvironnement devrait être
le moteur essentiel de lamélioration de lécotourisme. De lavis dun
participant, « cela devrait se faire en formant les clients plutôt quen
recourant à une réglementation ».
– Les reportages des médias ne traitent pas comme il conviendrait l
essentiel de lécotourisme. Un exemple : souvent, les émissions de
télévision consacrées à la nature montrent surtout des animaux dangereux ou
de très beaux paysages et laissent de côté lélément humain de léquation.
– Les renseignements doivent être exacts. Par exemple, si un panneau indique
quun sentier est dun kilomètre et quen réalité, il fait deux kilomètres
ou si à létape dune randonnée, le repas ou le rafraîchissement prévu nest
pas prêt, la réputation du circuit en pâtira, faute de répondre aux attentes
du voyageur. Si le service ne correspond pas à ce qui était offert, cette
situation risque de nuire à limage de lensemble des activités régionales.
– Le but principal dune entreprise écotouristique devrait être datteindre
un degré élevé de satisfaction de sa clientèle en fournissant des services
de qualité et en contribuant à la protection des ressources naturelles et
culturelles.
– Les initiatives de développement et de promotion de lécotourisme font
fréquemment lobjet de programmes communs au secteur privé et au
gouvernement. En Équateur, par exemple, ces trois dernières années, leur
coopération sest renforcée et les résultats obtenus ont été meilleurs.
Utilisation de lInternet
– LInternet est un moyen très efficace, bon marché et écologique de mise en
rapport direct des communautés et des écotouristes. Le défi à relever est de
réduire la fracture technologique numérique et de dispenser aux communautés
la formation voulue pour maîtriser cet instrument. La patience et la
continuité des efforts en ce sens sont des ingrédients essentiels de la
réussite. Si cette formation nest pas assurée, lInternet ne tiendra pas
ses promesses pour ce qui est de mettre sur un pied dégalité les petites et
les grosses entreprises dans le domaine de la promotion.
– Lexpérience des entreprises écotouristiques qui réussissent à promouvoir
en ligne leurs produits et leurs services prouve que lInternet est un
puissant outil, même pour les activités les plus petites. Il savère que l
accès régulier à lInternet aide les communautés à communiquer et à partager
leurs informations.
– Les offices de tourisme publics, les groupes de défense de lenvironnement
et les entreprises doivent se mettre aussitôt que possible à mieux exploiter
les possibilités quoffre Internet.
– Lutilisation croissante de lInternet par les écotouristes est démontrée,
par exemple, par le projet dévaluation de lécotourisme rural du Belize
dans le cadre duquel il a été demandé aux touristes avec quels types de
marketing ils avaient été en contact avant leur voyage. Plus des deux tiers
ont répondu avoir consulté des sites Internet, la seule source de
renseignements lemportant sur ces derniers étant le bouche à oreille.
– Il existe un potentiel inexploité dans les cybercafés des centres
touristiques. Un participant a avancé lidée que les ordinateurs des
cybercafés pourraient « avoir une page de démarrage orientant les voyageurs
vers des renseignements sur les sites locaux ou vers un site central conçu à
lintention des consommateurs ».
Développement des produits
– La plupart des commentaires ont souligné le besoin fondamental de
marketing écotouristique dans le cadre des projets et des activités de
développement, comme élément essentiel de la durabilité économique. Un
participant a fait la mise en garde suivante : « Des programmes d
écotourisme aux nobles intentions échouent si les écotouristes annoncés n
arrivent pas. »
– Parce que la définition de lécotourisme est vague, les promoteurs et les
consommateurs décotourisme sinterrogent sur la teneur idéale du message
commercial.
– Un bon plan marketing suppose une démarche multimédia bien équilibrée. Le
recours à Internet doit être complété par un marketing classique.
– Les activités décotourisme ont besoin de voyageurs formés,
responsabilisés et inspirés. Aussi les voyagistes et les prestataires de
services devraient-ils informer et former les consommateurs avant quils ne
partent en voyage, voire avant quils ne prennent la décision de réserver un
voyage.
– Les touristes ne veulent pas seulement être « formés ». Comme la affirmé
un participant, « ils veulent avoir des vacances intéressantes dans un
milieu sûr et en avoir pour leur argent pendant le temps quils y
consacrent ».
– Le marché touristique est complexe et il nexiste pas de profil statique
de l« écotouriste ».
– Les résultats des travaux de recherche et les évaluations du « marché de l
écotourisme » divergent largement en raison de la variété des méthodes d
étude et des sources dinformation. LOMT a analysé les données du marché
existant dans le cadre de sa série détudes des marchés de lécotourisme
menées dans les sept grands pays émetteurs décotourisme dEurope et d
Amérique du Nord. Par exemple, en 1994, lévaluation de la demande des
marchés de lAlberta et de la Colombie-Britannique (Canada) en matière d
écotourisme (nature, aventure et culture) indiquait quil existait pour l
écotourisme un marché de 13,2 millions de voyageurs (représentant 77 % de
toutes les personnes ayant répondu à lenquête) dans sept des grandes zones
urbaines de lAmérique du Nord. La définition employée pour lécotourisme
était « tourisme lié à la nature, à laventure et à la culture en dehors des
zones urbaines ». Une enquête que le ministère américain du Commerce a menée
en 1996 et 1999 à bord des avions auprès des voyageurs des États-Unis à
destination dautres continents et du Mexique indique que le marché
représente 4 % des voyageurs internationaux des États-Unis et que l
écotouriste dépense moins en moyenne que le voyageur américain type. Cette
enquête prévoyait comme condition que lécotouriste ait participé à des
excursions écologiques. En conclusion, il est nécessaire de continuer à
améliorer et de coordonner les études sur le marché de lécotourisme pour
aboutir à des données plus complètes sur ses tendances. Pour sa série d
études des marchés de lécotourisme, lOMT a coordonné les méthodes
appliquées, ce qui a supposé dans chaque pays la réalisation denquêtes
auprès des voyagistes spécialisés et des touristes, en plus de lanalyse des
données existantes sur le marché.
– La mise au point dun produit exige de comprendre les besoins du client et
un niveau de formation et de marketing qui assure la promotion des produits
et des services dans le créneau de lécotourisme. Toutefois, le marketing n
est jamais chose simple ; il ne suffit pas de vanter un produit pour que les
touristes arrivent. De nombreux planificateurs travaillant à la création de
produits ne savent pas exactement ce quest la concurrence du marché. À
propos de lAmazonie, un participant a contesté comme suit lefficacité de
la brochure préparée par une communauté : « Les gens simaginent que le seul
fait davoir une belle cascade suffit pour que les étrangers prennent le
temps de venir la voir. »
– Les voyages en avion sont la source démissions de gaz à effet de serre à
la croissance la plus rapide du monde. Selon un participant, « lors dun vol
de huit heures, chaque passager est responsable du rejet dans latmosphère
de léquivalent dune tonne de gaz carbonique. Si lécotourisme se veut
durable, il doit sattaquer au problème du transport aérien et donner aux
voyageurs la possibilité de faire quelque chose pour réparer les dégâts qu
ils causent. » Dautres participants ont ajouté quil fallait évaluer l
ensemble du champ des transports.
THÈME 4
Surveillance des coûts et des avantages de lécotourisme : leur répartition
équitable entre tous les acteurs
Questions : il a été demandé aux participants de réfléchir sur les moyens d
évaluation et de surveillance de lapplication des principes de l
écotourisme. Entre autres, il leur a été demandé de faire part de leur
expérience sur le terrain et dapporter des idées sur la façon dont les
communautés locales gardiennes des sites, le personnel des parcs, les
touristes et les voyagistes participent aux activités de surveillance.
Vue densemble : il a été reçu des études de cas de surveillance des coûts
et des avantages des pays suivants : Afrique du Sud, Argentine, Brésil,
Bulgarie, Équateur, Fédération de Russie, Géorgie, Hongrie, Inde, Islande,
Mexique, Roumanie, Turquie et Ukraine.
Commentaires et conclusions
– Il faut avoir une définition de lécotourisme faisant presque lunanimité
et quelques normes concordantes permettant de bien évaluer les coûts et les
avantages de cette activité.
– Il est difficile dimaginer une analyse coûts-avantages efficace sans
disposer de données de base suffisantes ni de mécanismes détude, ou sans
améliorer aussi rapidement que possible le partage des données essentielles.
Ceux qui développent lécotourisme ou investissent dans cette activité ont
besoin déchanger des informations sur les réussites et les échecs des
projets intégrant le tourisme vert et la protection de la nature.
– Les coûts et les avantages de lécotourisme sont souvent dordre social.
Aussi faut-il inclure ces facteurs dans un programme global de surveillance.
« Il nexiste pas de modèle facile pour évaluer lensemble des coûts et des
avantages réels au-delà de la valeur financière », a dit un participant en
ajoutant que lamortissement complet peut prendre de nombreuses années.
– Sagissant des indicateurs, il est évident quils doivent être mis au
point par toutes les parties prenantes au projet. Sous langle de l
environnement et des cultures locales, les destinations écotouristiques ont
tendance à être des zones fragiles. En conséquence, il faut des moyens de
rapprocher les intérêts écologiques des intérêts touristiques. Des exemples
ont été tirés des études des cas du lac Balaton en Hongrie et de la presqu
île de Valdés en Argentine, ainsi que dateliers et de projets pilotes
dirigés par lOMT concernant les indicateurs du tourisme durable. LOMT a
créé un groupe spécial chargé de préparer un nouveau manuel pour la
définition et lapplication dindicateurs de durabilité du développement du
tourisme.
– Les pouvoirs publics doivent mettre en place un système de surveillance
des zones potentielles de développement et avoir un plan daction complet
permettant de réagir à un essor de lécotourisme dans les régions
écologiquement sensibles et dans les communautés environnantes. Le compte
satellite du tourisme créé avec le concours de lOrganisation mondiale du
tourisme offre un certain nombre davantages pour évaluer les effets de l
écotourisme.
– Beaucoup de pays en développement ont des difficultés particulières à
fournir en temps voulu des informations sur les évolutions en cours, les
possibilités dinvestissements, les principes directeurs et des exemples de
meilleures pratiques. Or, ces informations doivent être mises à la
disposition de tous les acteurs et rédigées dans un langage adapté à la
cible visée.
– La collaboration avec des transnationales a des conséquences à la fois
positives et négatives pour les entreprises écotouristiques locales. L
entreprise écotouristique locale peut gagner à conclure des accords de
partenariat avec des transnationales et de grosses sociétés. Lentreprise
touristique ou la chaîne hôtelière transnationale peut avoir un rôle de
partenaire, de concurrent ou dinvestisseur. Lopérateur décotourisme a une
certaine influence sur les conditions dintervention des grosses sociétés.
Un participant a recommandé à cet opérateur « dapprendre à penser comme une
transnationale » pour pouvoir travailler avec ce genre dentreprises. Un
autre participant a estimé que « transnational nétait pas forcément
synonyme dénorme ou dinhumain ».
Propositions de partage dinformations
Le Centre pour le tourisme durable de lUniversité du Colorado a annoncé qu
avec le concours du PNUE et de lOMT, il était en train de créer une banque
de données en ligne axée sur lécotourisme et le tourisme durable. Elle
contiendra un grand choix de documents préparés dans le cadre de lAnnée
internationale de lécotourisme par un large éventail dorganisations.
Planeta.com a suggéré de constituer un groupe de travail pour lancer une
initiative qui encouragerait le recours aux moyens les plus efficaces de
communication entre les parties prenantes. Chacune aurait la responsabilité
de la mise à jour de son site sur Internet avec un minimum dinformations.
LE TOURISME AXÉ SUR LES COMMUNAUTÉS EN VEDETTE
Le thème transversal du tourisme axé sur les communautés a été traité tout
au long de la conférence. Certains participants ont soutenu que l
écotourisme devait mettre laccent sur la « participation maximum de la
population locale » ; dautres se sont demandé qui pouvait être considéré
comme une personne du pays.
Commentaires et conclusions
– Les communautés qui tirent des revenus de lécotourisme acquièrent une
conscience écologique de leurs écosystèmes uniques. Dans une étude que l
Organisation internationale du travail a financée en Équateur, au Pérou et
en Bolivie, un participant a relevé que lactivité écotouristique avait
renforcé la prise de conscience de lappartenance ethnique. LÉquateur a
donné un prolongement à cette étude en créant une base de données sur toutes
les activités touristiques reposant sur les communautés.
– Lécotourisme axé sur les communautés requiert une organisation politique.
Selon un participant, « lapparition de projets décotourisme axé sur les
communautés est directement liée à lorganisation politique de mouvements d
autochtones et de mouvements sociaux. Ces projets offrent une solution pour
lutter contre la pauvreté, linjustice, la discrimination et la destruction
de lenvironnement. ». La réussite de lécotourisme reposant sur les
communautés nécessite un niveau de spécialisation qui va au-delà des
bonnes intentions ». Au sujet de la collaboration avec les communautés en
matière décotourisme, un autre participant a affirmé : « Il nest pas
suffisant davoir une spécialisation en biologie ou en anthropologie. Le
processus est long et exige de mieux comprendre la dynamique de la
communauté et celle du marché touristique. »
– Les obstacles à lécotourisme reposant sur les communautés comprennent
souvent labsence de cadre législatif, le manque de promotion et de
marketing et la présence dactivités traditionnelles risquant de détruire l
environnement local.
– Il est fréquent que les communautés vivant dans les régions caractérisées
par la richesse de leur biodiversité, où lécotourisme en association avec
la population locale pourrait être une réussite, naient pas les ressources
financières nécessaires à leur formation et à lacquisition des
approvisionnements, de linfrastructure et des véhicules pour développer
avec succès cette activité.
– Les projets de développement des multinationales excluent souvent la
population locale. Par exemple, un participant a attiré lattention sur le
fait que dans le cadre du Plan Puebla-Panamá concernant la Mésoamérique, la
mise en valeur écotouristique favorise les grandes sociétés de lhôtellerie
et non pas les fédérations dautochtones ou les initiatives de peu d
envergure.
– Faute de réglementation, le tourisme reposant sur les communautés peut
dégrader lenvironnement tout en présentant des avantages sociaux. Un
participant a apporté son témoignage : « Jai vu une exploitation d
observation des dauphins dans le nord de Bali où la communauté locale a mis
au point démocratiquement un système de partage des avantages économiques :
aucun membre de la communauté ne peut avoir plus de quatre personnes sur son
bateau, si bien que chacun a un travail. Résultat : cinquante bateaux pour
une petite bande de dauphins. Le mieux pour ces dauphins serait quune
multinationale intervienne, quelle mette en service un ou deux grands
bateaux, quelle engage tous les travailleurs du coin et quelle soccupe du
marketing. Il se peut quil ny ait pas demplois pour tout le monde, quune
part des bénéfices parte ailleurs mais les dauphins seraient beaucoup mieux
protégés. »
– Il se peut que certaines entreprises écotouristiques locales se plaignent
du fait que travailler avec des voyagistes et des agents de voyages oblige à
partager les revenus avec des gens nappartenant pas à la communauté mais,
comme la affirmé un participant, « comme dans dautres activités
commerciales, il y a des intermédiaires qui mettent en rapport acheteurs et
vendeurs. Cest un service légitime à valeur ajoutée. »
– Pour les communautés autochtones, lécotourisme représente une possibilité
de développement susceptible dapporter de nombreux avantages économiques,
écologiques, culturels, sociaux et politiques. Daprès un participant,
pour que ces avantages reviennent aux communautés autochtones, il faut qu
elles participent activement aux initiatives décotourisme dans les limites
de leur territoire traditionnel et quelles puissent réellement les
contrôler. Pour participer à ces initiatives et les maîtriser, les
communautés autochtones doivent être beaucoup plus que des acteurs
symboliques nobtenant que des emplois marginaux ou que les bénéfices de la
vente dobjets dartisanat ».
– La participation active et la surveillance des produits et des services
écotouristiques de la part des communautés autochtones ne profiteront pas qu
aux populations locales. Un participant a écrit : « Le dynamisme et la
réussite dun secteur écotouristique aux mains des autochtones renforceront
considérablement lécotourisme comme activité économique partout dans le
monde. La richesse et la diversité des cultures et du savoir traditionnel
des populations autochtones sont dincroyables ressources pour le secteur de
lécotourisme. »
RECOMMANDATIONS
La Conférence virtuelle « Développement durable de lécotourisme » a
débouché sur les recommandations générales suivantes.
– Lécotourisme doit trouver un équilibre entre les stratégies de
développement de haut en bas et de bas en haut.
– Les normes efficaces sont laboutissement dun processus visant à créer un
consensus entre toutes les parties intéressées.
– Les responsables politiques et autres décideurs doivent apprendre à mieux
connaître lécotourisme tel quil est pratiqué sur le terrain et non pas
seulement tel quon le conçoit dans les bureaux ou dans les salles de cours.
– Les politiques nationales de développement doivent être harmonisées pour
favoriser la planification de lécotourisme ; il faut pour le moins que ces
politiques nationales ne sapent pas la mise en valeur écotouristique.
– Il faut accorder la priorité à la formation de la population locale et des
gestionnaires des parcs et à la surveillance des services et des produits
offerts pour garantir quils répondent aux attentes des écotouristes.
– Pour développer et mettre sur le marché une région particulière, il faut
créer une organisation faîtière des entreprises écotouristiques
multisectorielles et des pouvoirs publics. Le montant de la cotisation à
régler pour appartenir à cette organisation ne devrait pas en exclure les
petits acteurs locaux.
– Les projets décotourisme ont besoin dun financement accessible, sous
forme de subventions ou de prêts peu coûteux à long terme, et comportant
obligatoirement des moyens dévaluation de lutilisation efficace des fonds
ainsi alloués.
– LInternet est un moyen de communication bon marché et efficace tant pour
la promotion que pour le développement ; il faut le compléter à laide d
autres stratégies de communication.
– Les renseignements fournis aux touristes doivent être exacts et, pour
toutes les parties prenantes, il faut améliorer laccès en temps opportun
aux informations utiles.
– Les professionnels des médias doivent aider le public à mieux comprendre l
écotourisme sans en perdre de vue la dimension humaine.
Références
· ARCHIVES DE LA CONFÉRENCE « DÉVELOPPEMENT DURABLE DE LÉCOTOURISME »
SUR LA TOILE
>> groups.yahoo.com/group/2002ecotourism
– Ces archives ont été automatiquement mises à jour pendant toute la durée
de la conférence et le public y a accès pour les parcourir.
· PLANETA.COM
https://www.planeta.com/iye
– Ce site du centre serveur de la conférence donne une brève synthèse des
objectifs de la conférence et ses dates limites. Il offre aussi des liens
vers un index des messages publiés pendant la conférence et vers la liste
des questions posées aux participants. En outre, il comprend des conseils
pour la conférence en ligne et pour le dépannage en cas de problèmes. Ce site est régulièrement corrigé et mis à jour grâce aux suggestions faites dans le cadre du forum
· PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LENVIRONNEMENT
>> uneptie.org/pc/tourism/ecotourism/documents.htm
– Ce site renseigne sur les études que le PNUE a consacrées à lécotourisme
et offre notamment des fiches dinformation sur les objectifs de lAIE ainsi
que sur les activités et les partenaires du PNUE pour lAIE. Il comporte des
liens vers les comptes rendus des conférences préparatoires et il comprend
un certain nombre de documents en format PDF.
· ORGANISATION MONDIALE DU TOURISME
>> world-tourism.org/sustainable/IYE-Main-Menu.htm
– Ce site comprend des nouvelles mises à jour sur les activités
internationales, régionales et nationales dans le cadre de lAnnée
internationale de lécotourisme (2002) et sur des activités connexes, avec
des liens vers les rapports finaux des différentes conférences
préparatoires, vers des communiqués de presse et vers des renseignements sur
les publications de lOMT. La page a servi pour les informations
essentielles, les documents de base et linscription à la Conférence
Développement durable du tourisme » sur la Toile. Elle contient maintenant
le texte intégral du rapport final et une évaluation de cette conférence.
IYE 2002
Planeta.com